lundi 15 février 2010

Le film de l'Expé en Patagonie

Voilà, il est normalement fini, du coup vous pouvez aller voir à quoi cela ressemblait. En tout cas on s'est bien marrés. le lien est sur la droite du blog.

Pour résume l'expé : on est restés 30 jours au total au camp de base. On a ouvert 2 nouvelles voies :
- "Tchao pantin"400m, 6c, A2, sur le contrefort du Cuernos Este en face est.
- "Voie normale de l'Almirante nieto" 1000m, AD (passage en 3+) en face ouest.

Puis en essayant d'ouvrir en face sud, nous sommes tombés sur des reliquats de relais bien défoncé par le vent et les intempéries. Mais nous pensons avoir fait une variante en cherchant de belles fissures. Arrivés dans le rocher noir on a continué pour atteindre l'antécime du Cuernos Este. Au final un bel itinéraire de 600m tout en libre en 6c.

Un beau but dans la Mascara 600m gravis sur 800m.

Et puis le chantier qui nous aura pris 10 jours d'artif avec Jean-mi Arnaud et Cyril Dupeyre. La face est du Cuernos Norte. On était partis cette fois-ci pour répéter une voie à Twid Turner "For a fistfull of dollars". Mais à partir de R4 plus de trace de la voie et nous ouvrons 8 autres longueurs pour rejoindre enfin sa voie au prix d'une longueur de 5h30 avec 2 pendules et 13 crochets en traversée. Au final nous sortons la voie et le sommet par un grand beau temps digne des hautes alpes. Nous baptisons notre variante "For a fistfull of chapatis". Et oui nous n'avions pas pris assez de barres "Nature Valley", du coup nous fabriquions 5 chapatis au sucre par personne et par jour pour les remplacer. Faites le compte 3 personnes x 10 jours x 5 chapatis (150 pour les nuls) et ce n'était pas des petits. Et je ne vous dis pas le temps passé à les faire et les cuire.

Voilà pour cette aventure riche en émotions et en apprentissage, bientôt la prochaine qui est en préparation pour l'Alaska avec mon compère Ben Guigonnet.

jeudi 4 février 2010

La gorzdertte c'est super chouette ^^ !

Cette année c'est en haut-alpins que nous nous représentons avec Benjamin Brochard, BE escalade et ancien coloc interne au lycée du Diois. Ben n'a jamais participé à cette compétition, je l'emmène donc en parrain afin de rectifier cette erreur.
Comme c'est la 3ème fois que j'y participe je lui donne de petits conseils sur la marche à suivre à chaque épreuve. On s'entraîne un poil avant chaque épreuve pour optimiser les chronos et finalement ça paye. A chaque fois nous somme bien classé. Ben à été très très bon pour sa première participation et de mon côté, j'ai bien progressé en ski de fond (l'année dernière je tombais plusieurs fois en patinant). Nous avons été vraiment complémentaires et finalement quand le résultat tombe c'est l'explosion de joie. Nous finissons premier au classement général et c'est un petit challenge de plus réalisé.
Je lui avais dit à Romaric (ancien vainqueur, 2 années de suite et ancien membre de l'ENJA avec moi) que je le battrais cette année. Chose promise, chose due.
Cette édition à eu un succès fou, quasiment 400 participants, du jamais vu. L'ambiance était au rendez-vous et je crois que tout le monde s'est amusé.
Bien entendu on gagne des lots mais surtout 2 petits lapins vivants. Un noir et un blanc qui se prénomment "Gorz" et "Derette", merci du cadeau.
Comme le veux la coutume nous ramènerons le trophée et les 2 rongeurs pour remettre en jeu notre titre l'année prochaine.

Une journée qui restera gravée dans ma mémoire le mardi 2 février 2010

Avec Sylvain Audibert mon ancien coloc, nous allons vers Lus-la-Croix-Haute pour ouvrir une cascade que j’avais repérée une semaine auparavant. A 45 minutes d’approche en ski cette cascade n’est pas recensée dans le topo du coin. La dernière fois que je l’avais vue, elle pendait sous un surplomb, c’est donc avec le matos d’artif que nous nous y rendons. Arrivés au pied, elle touche, enfin, c’est un bien grand mot. Je la regarde sous toutes les coutures, elle est très travaillée et il y a beaucoup de petites protubérances pour grimper sans trop taper. Je me dis que ça peux passer en grimpant très fin. Il y a juste les 2 premiers mètres à négocier, après c’est moins dur.

Je monte dessus et ça va, j’ancre mes piolets avec soin en tapotant juste avec le mouvement du poignet. Là vient le moment de mettre une broche. Je me suis dit que de toute façon si je tombe, une broche ne peux qu'être bénéfique et puis 10m de grimpe sans rien ça fais mal au cerveau. Je me retrouve quasiment sorti d’affaire, ça fait 15 mètres que je remonte se freestanding, il commence à être accroché de mieux en mieux au reste de la cascade. Mon piolet gauche est ancré dans une structure qui est séparée du freestanding et mon pied gauche aussi. Je continue à être aussi fin que possible car je sais que je suis sur la partie la plus critique du freestanding, là où il fait corps à la falaise, là où les ondes se propagent à très grande vitesse entre le piolet et la paroi. Je n’avais pas encore ressenti les vibrations dans la glace et il me restait un ou deux ancrages pour être totalement sorti de la zone de danger. Je tapote un coup, deux coups et le troisième fut de trop !!! La vision d’horreur de mes pires cauchemars se déroule devant mes yeux. D’abord se bruit de fracture de la structure à l’endroit même de la pointe du piolet, net, quasi chirurgicale. Puis la chute du freestanding que j’ai vu au ralenti. Je suis alors encore accroché à mon piolet gauche et en appui sur ma jambe gauche, tous deux sur un autre freestanding. J’ai cru un moment que j’allais m’en sortir, puis j’ai de suite aperçu la broche qui était toujours dans la masse du freestanding. J’ai lutté de toutes mes forces, mais les dizaines de tonnes de glace m’ont tiré vers le bas. Je me suis vu à cet instant broyé dans la masse de glace. Je suis partis, catapulté vers le bas, j’ai fermé les yeux et gainé mon corps en entier. En une fraction de seconde j’étais en bas de la cascade. J’ai rouvert les yeux, j’étais assis dans la neige, la corde emmêlé de partout et le mastodonte de glace juste à mes pieds. J’ai vérifié si je ne ressentais aucune douleur, je me suis concentré car après 15/20 mètres de chute, il doit forcément y avoir quelque chose, et oh miracle je n’avais rien, mais alors rien du tout. J’ai crié de joie d’être toujours en vie et en un seul morceau, je n’en revenais pas et n’en reviens toujours pas. Sylvain à eu aussi peur que moi et nous nous sommes pris dans les bras.

Le fait d’être resté une ou deux secondes là haut à laisser le temps à la glace de prendre de l’avance. De ce fait, je ne me suis pas retrouvé dessous. De plus mon ancrage bras gauche lors de mon catapultage ma fait pivoter durant la chute. Je suis arrivé le dos contre la pente du cône et j’ai glissé le long, les jambes légèrement en l’air, comme dans un toboggan. Le fait que se sois la première longueur et que le bas de la cascade sois assez plat est une chance aussi. Tout à concouru à ce que je n’ai rien eu. Si un seul de ces facteurs n’était pas là, c’était le drame. C’est tout simplement un miracle ce qui c’est passé et j’en suis tout à fait conscient.

Je suis aussi conscient d’avoir grillé LA cartouche de ma vie, et je prends cela comme une expérience très enrichissante. La vie ma donné un signal d’alarme, il faut que je calme le jeu ! J’ai essayé d’analyser cet accident et je crois que je n’ai pas su voir les signaux d’alarmes. J’ai mis beaucoup plus d’importance à ma capacité à gravir cet édifice qu’à la solidité de celle-ci. Il est toujours facile de grimper sur la glace mais est-ce que la structure est assez solide ? C’est là ou je me suis lourdement trompé aujourd’hui. Elle ne touchait presque pas, les tensions dans la glace étaient fortes (-8°C), mais je pensais faire la différence.

J’ai énormément appris sur moi aujourd’hui, je sais à présent que je me fais trop confiance, à tort. Il va falloir que je prenne plus de recul sur ma pratique en glace … Je suis heureux de vous dire que je vous aime, tous autant que vous êtes. J’ai une pensée très forte à ma famille, mes amis proches. Je suis désolé d’avoir agit comme cela, par égoïsme.

Cela ne va pas me faire arrêter la glace, mais je crois que je serais plus à même de voir les « signaux »

Folly de droite et Pissevache au Fer-à-Cheval

La météo annoncée pour ces prochains jours est mauvaise pour le français moyen, mais pour nous (avec Ben Guigonnet), le froid, un ciel nuageux et des petites précipitations de neige ça nous dit qu’il faut aller au Fer-à-Cheval. Car là-bas les cascades prennent le soleil des 12h30. Du coup c’est le temps idéal pour faire quelques croix de plus dans ce merveilleux cirque, temple de la cascade démentielle.

Nous arrivons sur place vers 23h00 et nous n’avons pas d’hébergement, il va falloir encore faire les tchétchènes. Ben qui à un duvet pourri et pas de Karimat prend la voiture et pour ma part, ça va être sur un matelas gonflable dehors. Et bien je crois que c’est moi qui a le mieux dormi.

Nous étions partis pour faire « Pissevache » ce matin, mais la nuit n’aidant pas, nous avons suivi la mauvaise trace. Et c’est à la lueur du petit matin, après plus d’une heure de marche que nous nous rendons compte de notre erreur. Nous somme à plus d’ 1,5 km à droite de la cascade que nous voulions faire. Nous sommes à présent devant la cascade de Folly. Certes, nous voulions la faire, mais le lendemain. Qu’à cela ne tienne nous la ferons aujourd’hui.

C’est donc à la lueur des frontales que nous commençons la première longueur. Une mauvaise croûte rend cette mise en route un peu fastidieuse. Le jour se lève, il neige et nous voyons enfin à quelle sauce nous allons être mangés. C’est magnifique et très soutenu. Le cheminement est complexe pour éviter les gros choux-fleurs déversants. Dans cette cascade on peut faire du grade 6+ tout le long si on cherche la petite bête. Mais ici, il faut aller vite pour ne pas s’exposer aux risques objectifs importants qui sont propres au cirque du Fer-à-Cheval. Donc nous louvoyons entre les pétales, les devers et évitons les murs raides et flûtés.

Je tire une grande longueur de 60m et fais mon relais contre le rocher le plus à droite de la cascade. Mais le cheminement de la longueur suivante ramène Ben un peu trop dans l’axe du relais. Et se qui devais arriver, arriva, je me prends un put… de glaçon dans la face, je n’ai rien vu venir. Me voilà en train de gémir et de compter mes dents pour savoir si il y a eu de la casse. Apparemment ça va, il n’y a que la carrosserie qui est touchée, le sang coule mais nous pouvons continuer.

La suite est magnifique et nous arrivons avec du nez à contourner, par l’intérieur d’une grotte, une longueur dure en dentelle de glace. Nous tirons les rappels et vers 13h00 nous sommes en bas. 4h30 d’ascension, vite fait, bien fait.

L’aprèm est consacrée à la recherche d’un gîte ou d’un hôtel pour faire sécher les affaires et nous mettre bien au chaud. Nous trouvons avec peine un hôtel qui n’est pas complet et nous faisons allumer au niveau du prix, mais bon, on en a besoin. Nous pique-niquons dans la chambre et au dodo tout le monde à 20h00.

Pourquoi si tôt vous allez me dire ! Parce que Ben dois être à Nice demain à 19h00 pour aller récupérer des clients à la gare, à 6H00 de route d’ici. Du coup demain non seulement on doit se lever tôt (4H00 du matin) mais en plus il va falloir faire un chrono et sans se perdre cette fois.

Nous commençons à grimper à 6h30 du matin, après un peu plus d’heure de marche. Les 150 premiers mètres sont faciles alors c’est corde tendue de rigueur. Une demi-heure plus tard nous attaquons la partie raide. Nous optimisons les longueurs de corde et des « bout de corde ! » retentissent dans le cirque. Ça y est, la dernière longueur est devant nous, nous jouons à chi-fou-mi pour savoir qui aura le plaisir de la faire en tête et c’est Ben qui gagne, le salaud !

60m plus haut et un bon combat avec les lactates il arrive au sommet, je le rejoins et bonzaï, nous redescendons.

4h00 d’ascension pour faire ces 300m de cascade. Nous sommes pile poil dans les temps, il nous reste plus que la route à faire. Sixt – Gap – Nice pour Ben et Sixt – Gap – Albertville pour moi. Et oui demain, samedi, c’est la Gorzderette à Champagny en Vanoise. Hou yeah !!!