Les Drus, un peu plus gris chaque jour mais bien moins que demain |
Cette course fait le buzz en ce moment, car quelques cordées l'ont parcouru. Et pour moi, c'est un vieux rêve : c'est la course dont je rêve depuis que j'ai commencé le mixte en montagne.
Comme d'habitude, j'appelle Ben Guigonnet, mon acolyte de toujours en montagne, mais il n'est pas très chaud pour se cailler le cul en montagne. En ce moment il travaille des 8c vers Nice et il n'a pas fait de montagne depuis septembre. Pour ma part, je n'ai pas mis les pieds en montagne depuis le 8 juillet, suite à ma double entorse, mais cela me titille depuis que j'ai recommencé à grimper en dry tooling.
Je mate la météo et il fait beau encore 3/4 jours, je chauffe à blanc mon pote et finalement il craque. On se donne rendez-vous à 11h devant la gare du Montenvers le mardi et c'est parti.
Le train nous emmène sur la Mer de Glace et nous partons à pied au pied des Drus pour bivouaquer. 3 heures après nous arrivons au bivouac. On prend le temps de faire de l'eau, de s'installer correctement et nous croisons Éric Jamet et un pote à lui qui redescendent du couloir nord. Éric a libéré la voie en 14h30 aller-retour et il trace sur Chamonix, car il doit bosser le lendemain. On prend des renseignements de dernière minute, car (comme d'habitude) on a oublié le topo, puis on se couche.
Le lendemain réveil 3h00 et départ 3h30, la nuit noire nous entoure mais on est bien réveillé. On suit les traces des cordées précédentes, qui nous amènent tranquillement à la rimaye qui ne pose pas de problème. Le mixte pour arriver au pied des difficultés n'est pas très raide, mais il faut s'appliquer, car les protections sont éloignées. Il fait encore bien nuit quand nous arrivons au pied de la première longueur dure, la fissure Nominé, qui se fait normalement en artif. Ben me laisse la priorité, car je me sens chaud pour la libérer. Au programme, une fine fissure, très raide, de 40 mètres avec une 20aine de pitons en place. Petit hic, on a pris seulement 8 dégaines pour être plus light...
La fameuse en artif, A1, ou en libre M7/8 |
Au bout de 30 minutes d'efforts et de zippettes intempestives, j'enchaîne cette longueur mythique en libre, sans crocheter un seul piton : je tiens à le préciser, sinon c'est triché. Mes bras sont chauds et le moral est au plus haut. Avec Ben on propose une cotation entre M7 et M8, à confirmer avec les prochains répétiteurs.
Ben s'occupe de la longueur qui suit, en M5 environ, qui ne pose pas trop de problème.
Ben se frise avec cette belle fissure à piolet |
Puis je me fais la dernière longueur, dure, qui rejoins le couloir en glace. Cette longueur ma posé un peu de soucis, car une écaille décollée, proposant une fissure large, ne permet pas de grimper détendu. Il a fallu grimper quelques mètres à main nues pour en venir à bout (M6).
Nous voilà sur l'autoroute glacée qui mène au col entre le grand et le petit Dru. Un peu de crapahute en granit
le passage en "S" |
B'jour Mam'selle |
Quelques photos plus tard et nous voilà en train de redescendre en rappel, dans la directe du couloir nord. Bien qu'en rappel, ça fout la frousse cette ligne, mais ça à l'air d'être dément à faire : 200 mètres de technique, absolument vertical, voire un poil déversant. C'est tout ce qu'on aime.
Raide la directe ... |
16h00, l'heure du goûter, ça tombe bien on est de retour au bivouac. Ben fait péter un lyoph ...