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La face nord du Pic Sans Nom (3913m) |
Les 19, 20 et 21 octobre dernier, Ben Brochard, Jonathan Joly et moi même avons eu le privilège de parcourir un nouvel itinéraire dans la fameuse face nord du Pic Sans nom, un monument dans les Ecrins.
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La fine équipe |
L'année dernière déjà nous voulions y aller, mais, les circonstances ont fait que nous n'avons pas pu tenter la voie. Et cette année un collègue parti travailler dans le coin nous ramène un cliché avec la ligne à nouveau visible. On ce motive pour essayer cette année, je sais que les conditions ne sont pas optimum, mais dans ma tête, on y va juste pour voir.
Il y a quand même de grosses incertitudes par rapport à deux sections, qui ont l'air dur.
Jo me demande si nous prenons le tamponnoir et je lui réponds non! Comme ça si cela ne passe pas on redescend plus tôt. Et puis c'est tricher, même si en fond de sac ça peux servir pour redescendre en sécurité.
On se donne donc tous rendez vous vers Vallouise à 6h30 du matin pour finaliser les sacs et choisir le matériel. Il fait nuit noir et nous sommes donc tous les trois en train de trier sous les regards des travailleurs matinaux.
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Sur le parking au bord de la route |
Nous prenons de quoi faire un seul bivouac, un sac de hissage, une dizaine de pitons, beaucoup de petits friends et coinceurs, et une dizaine de broches
On pose une voiture au fond du camping d'Ailefroide et nous continuons en voiture jusqu'au parking du Pré de Madame Carle. Il est 7h50 nous démarrons l'approche.
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Ben voulait absolument prendre des bâtons... |
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+oilà la face |
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Adieu soleil |
11h15, nous faisons une petite pause pour analyser la voie et manger une soupe chinoise.
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Le repas du midi |
12h30, Ben attaque la première longueur d'accès à la goulotte. Après une bonne traversée, nous voici au pied de la première incertitude.
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Ben dans la traversée |
On tire à "chi-fou-mi" pour savoir qui s'y colle, et Jo remporte la partie.
Ca a l'air dur mais très bien protégeable, ce qui est chose rare dans les Ecrins.
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Jo dans la première longueur dure |
Jo nettoie la longueur pour trouver de bonnes protections, en tout cela aura pris une bonne heure et demi, puis il nous fait monter. Au final avec le nettoyage nous évaluons cette longueur de 40m à M5/M5+.
Jo est fatigué à présent, je prends le relais, la suite est plus facile, mais il est déjà tard, je ne ferais que trois longueurs de plus.
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Ambiance de malade |
Il est déjà temps de penser à faire le bivouac avant l'arrivée de la nuit. Et surtout il n'y a pas beaucoup de possibilités dans cette face de trouver des bivouacs confortables. Avec l'expérience, je sais qu'il vaut mieux dormir sur un bon bivouac que d'essayer d'avancer et se retrouver à dormir sur une fesse.
Ca tombe bien car mon dernier relais se trouve juste à côté d'une petite roture, il y a beaucoup de neige. En creusant ça va être royale. Jo prépare le bivouac, Ben va fixer la corde au dessus et puis moi et bien je l'assure.
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C'est parti pour la première nuit |
18h30, le bivouac est prêt, la nuit vient de tomber et le réchaud ronronne déjà, tip top.
Réveil programmé pour 6h45, car il fait jour vers 7h30.
La nuit a été plutôt bonne malgré les spindrifts par à-coups.
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Le premier bivouac |
Ben remonte sur la corde fixée la veille et nous assure. Encore 3 longueurs pour Ben et je prends le relais.
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Ben dans les premières longueur du J2 |
Deux longueurs nous permettent de rejoindre le deuxième passage délicat de la voie. Nous venons de retrouver la voie "George - Russenberger", car un piton en témoigne.
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La longueur commune avec la Russenberger |
Une longueur de 20 mètre commune avec la "Russenberger", en technique dry, évaluée à M5+/M6. Là encore assez bien protégeable.
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La goulotte de la raie des fesse juste en dessous! |
La suite, nous décidons de partir tout droit dans un passage raide, la "Russenberger" quand à elle part à gauche dans un système de dalle plus facile, mais nous ne nous sentons pas de grimper dans ces dalles qui ont l'air improtégeables et enneigées. Ici encore c'est dur et très technique. Des micro prises pour les pieds, juste au dessus du relais. Les copains ne parlent plus, car, si chute il y a, je termine sur eux. La suite part en traversée vers un bon béquet. Finalement cette longueur sera pour moi un M6. Encore une longueur en dry en traversée vers la droite. Le début est cool et tout de suite derrière il y a quelques mouvements très fins, sans trop de pieds. Ca a été un gros stress ici pour essayer d'enchaîner la longueur à vue. Une fois arrivé sur les placages de neige, nous retrouvons une traversée commune avec la "Russenberger", mais il n'est pas possible de ce protéger convenablement, du coup j'enfonce les broches dans cette neige à peine compacte et les couple pour faire un semblant de point de protection. J'évalue cette longueur à un gros M6.
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Jusqu'ici tout va bien |
Les copains quand à eux n'ont pas grimpé ces deux dernières longueur en libre, ils ont préféré jumarder car les sacs sont trop lourd, ils auraient perdu du temps et de l'énergie.
Ca y est je passe le relais à Jonathan pour qu'il s'occupe de la traversée pour rejoindre le deuxième système de goulotte suspendu au dessus de la barrière de rocher raide.
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Jo dans la traversée commune de la Russenberger |
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Gaaaaazzzz |
Deux longueurs de plus sur de la neige glace inconsistante ...
A chaque fois les relais sont long à faire, pour être sûr qu'ils ne s'arrachent pas sur une mauvaise chute, cela nous fais perdre beaucoup de temps. On le savait, mais la réalité est compliquée.
Nous décidons de nous arrêter là pour aujourd'hui d'autant plus que nous sommes à nouveau à un bon emplacement pour faire le bivouac. 11 longueurs pour aujourd'hui.
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Bivouac deuxième nuit |
Ce bivouac n'était pas prévu mais nous étions déjà résignés à le concevoir depuis la matinée. Ca va, il est confortable.
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Confort, après l'effort d'aménagement |
Nous mettons les couvertures de survie pour se protéger des spindrifts mais un peu de vent aura raison des couvertures durant la nuit...
Le réveil, pareil que la veille. Nous savons que les difficultés sont derrière nous à présent il faut sortir de la face le plus rapidement possible.
Ce matin il y a une grosse activité avalanche sous le col Ouest du Pelvoux. Il y a même une des avalanche qui a traversé le glacier noir...
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Grosse avalanche |
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très grosse !! |
Après avoir remonteé deux grandes longueurs de 60 mètres, nous arrivons à nouveau sur une partie déjà parcourue auparavant, puisque empruntée par de nombreuses cordées. Tracer un itinéraire droit n'aurait rien rajouté et nous en avons marre du froid, c'est notre troisième journée dans la face. Ca commence à faire long cette histoire, il est d'ailleurs rare de rester aussi longtemps dans ces face nord du glacier noir me fait remarquer Jonathan.
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Allez Jo au boulot ! |
Jo s'occupera de toutes les longueurs de cette journée, merci à lui car nous sommes bien fatigués. Nous arrivons à la brèche faîtière (3810m) à l'ouest du sommet, il est 14h30.
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Arrivé à la brèche |
Nous laissons quelques cordelettes et pitons pour descendre en rappel et retrouver la descente normale du Pic Sans Nom. En bas nous savourons le soleil si généreux et laissons éclater notre joie. Maintenant il faut rentrer à la voiture et rejoindre la maison chaleureuse et son confort, nous l'avons bien mérité.
21h30, les copines sont là et nous ont préparé à manger, au top les filles.
Au final notre nouvel itinéraire s'appel "Le prestige des Ecrins", 16 longueurs originales sur les 29 totales, pour une cotation globale en ED, 1000m, M6 (ou 6a), grade 5 en tout.
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Le topo |
Merci les copains
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Enfin le soleil |