l equipe de choc avant la bataille |
Le glacier du Siula, pas evident |
Les tentatives de Jordi et sa voie en 2007 (copyright J. Corominas) |
Robin Revest et Helias Millerioux, autre belle cordée prometteuse ayant réussi de belles ascensions (face sud de l'Aconcagua, la Bonatti-Vaucher aux Jorasses et autres faces austères des Alpes), issus tout deux du pur jus des équipes nationales de la FFME et du CAF a voulu se joindre à nous, pour venir à bout de cette face. Avec Ben, on s'est dit "pourquoi pas, vu l'ampleur de la tâche".
Petit frère du célèbre Siula Grande, qui a fait parler de lui dans le film "La mort suspendue". C'est avec un peu la peur au ventre que nous sommes allés là-bas. D'autant plus que cette face est très exposée aux chutes diverses et variées d'objets rocheux, neigeux et glacés, prenant le soleil à partir de midi. Jordi nous avait prévenu qu'il fallait être à l'abri à partir de 12h00, sinon tout pouvait arriver. Une pression supplémentaire qui nous a obligé à analyser tout les abris-bivouac possibles avant de nous lancer dans la voie. Et aussi avoir une très bonne acclimatation, pour pouvoir être rapide et ne pas traîner la patte avant l'heure fatidique. C'est donc avec une vingtaine de jours d'acclimatation (entre 3500 et 5400m) que nous avons attaqué la face le 16 mai à 3h30 du matin.
Notre technique était simple on grimpe à quatre, une première pour nous tous. Un leader prends les commandes de la cordée, suivant son sentiment de forme et continue a grimper tant qu'il pense qu'il est assez efficace et rapide. Une fois qu'il est fatigué, il laisse la place à celui qui se ronge les doigts, impatient de grimper en tête et d'en découdre avec ces longueurs éprouvantes, techniques et engagées. Le but du jeu étant d'être en avance sur l'horaire et de se protéger aux abris-bivouac prévus. En général le grimpeur de tête faisait 2 longueurs avant d'être lessivé, physiquement et mentalement, tellement les longueurs étaient éprouvantes.
La face commence par une petite rimaye débonnaire puis 150 m de pentes à 70 degré. A partir de là, ce sera le combat jusqu'au sommet.
Chaque jour il y aura une longueur crux en mixte engagée qui nécessitera une grande concentration et du temps aussi.
J1, à peu près 400 m de grimpe, dont cette fameuse longueur assez psycho en grade 6, R, que des plaquages fins et décolés sur 10 mètres. Ce fut une belle fuite en avant, en musique dont je me serais bien passé.
derniere protection ... |
Après ça nous étions quasiment au bivouac. Il ne manquait que 2 heures de pelletage pour que cette pente de neige ressemble à la suite royale du George V. Durant l'après-midi on s'aperçoit que notre bunker n'est pas mal du tout, lorsque l'on voit passer une avalanche et plusieurs autres missiles air-sol. Bivouac à 5800 m.
Le bunker Georges V |
des formations uniques ... |
Helias a l action |
derniere longueur du jour en 5+ |
Comme la veille l'emplacement du bivouac nécessite 2 heures de pelletage et autres tailles de glace. Mais le truc, c'est que nous sommes moins bien abrités que la veille. Durant l'après-midi il y a même un caillou qui va nous rendre une visite en traversant la tente, sans conséquence.
Bivouac à 5980 m.
le bivouac 2 un poil expose |
La suite de la journée, bien que plus facile, nous donnera à réfléchir pour savoir où passer au plus facile. Ben perdra d'ailleurs 1h30 dans une longueur sans issue, avant de trouver une solution qui fait peur. C'est à dire en grimpant et assurant sur des coroles de glaces assez effrayantes.
Pour finir la journée, encore une longueur en mixte et placage fin (M5, WI5) et du terrassage durant 2 heures, histoire d'être sur de pouvoir bien dormir. Bivouac à 6170m
Ambiance hymalayenne |
et hop c'est réparti dans le dur. Ben s'y colle et c'est pas du gâteau, 45m, M6 et grade 6, surtout à cette altitude.
Ben a 6200m bien dans son element |
Plus que 2 longueurs dont une en neige et glace raide, avec un bouchon amenant sur l'arête sommitale que Robin sabrera tranquillement. Puis le sommet en neige profonde.
la derniere bosse |
La haut les nuages sont déjà là, dommage pour le paysage, mais la satisfaction est là, même si la fatigue est plus que présente.
Toute l equipe heureuse du travail accompli |
Selfies au sommet |
A la fin les chutes de neige canalisées sont impressionnantes et les lunules se font à l'aveugle car la neige recouvre tout. Il est 3h30 et nous sommes sur le glacier à la recherche du camp avancé, histoire d'attendre le levé du jour, pour rentrer au CB.
Pour nous cette ascension représente la plus dure voie que nous n'ayons jamais réalisée. D'un point de vue de la continuité dans la difficulté pure, de l'engagement physique et mental ainsi que par la raideur du parcours. Nous ne connaissons rien de tel dans les Alpes. Ils nous semble impossible d'effectuer cette ascension dans la journée, sans que les conséquences soit tragiques. Après, les conditions peuvent être encore meilleures que celles que nous avons eues, en venant plus tôt encore en saison, mais cela implique de grimper sous des torrents de chutes de neige... étant donné que c'est la pleine saison des pluies.
Merci a tous ceux qui ont cru en nous notament PETZL, MONTURA, la FFME pour sa bourse, GRIMPISME, Blue Ice, Olivier Michel qui nous a fais la meteo et transmis les sms pour nos proches, Maud ma copine qui c est fais du souci, la famille a qui j ai beaucoup penser par momento et a tout les autres que j aurai oublier...
The TOPO (copyright J. Corominas) |