Voilà, cela fait 3 ans déjà que ma formation a débuté et je suis dans la dernière ligne droite : le stage final du guide. Entre temps j'ai travaillé, j'ai continué mes voyages (Népal, Taïllande, Patagonie, Yosemite, Utah, Alaska) et surtout acquis beaucoup d'expérience.
Nous revoilà entre potes aspi, certain ont pris du retard pour cause de blessures, manque d'argent ou bien malheureusement à causes d'accidents dramatiques (bisous Karine, tu nous manques...). Mais l'ambiance est bonne ce premier jour et assez détendue, tout le monde veut en finir avec ce diplôme.
Çà commence pas mal avec une grève afin que nous ayons des explications concernant l'augmentation du tarif de la formation (+ 20% quand même...) et la suppression des week-ends ouverts et gratuits. Notre délégué syndical, Yannick Gast, mène l'affront pour toute la promo et il sait bien y faire, le bougre. On rencontre la directrice qui négocie et finit par craquer. Nous apprendrons quelques jours plus tard qu'elle démissionnera, en partie à cause de notre petite réunion, oups!!
Çà y est, c'est parti, les groupes sont formés et je commence la première semaine de formation avec Robin Molinatti (le prof de La Grave), Fabien Berrod (du 04) et Jérémy Rakovski (de Chamonix). Un prof pour 3 stagiaires, c'est la base d'un bon enseignement et la spécificité de l'école française (Nous = chance).
A retenir de cette semaine : la bonne humeur dans le groupe et les blagues délirantes de Robin, qui ressemble à un lutin malinois quand il rigole et puis les 2 belles courses que l'on a réussi à faire malgré la météo déplorable. La première fut la voie "Lépiney" au Trident du Tacul, en grosse et sans sac à pof, bien sûr. Une voie de toute beauté ouverte en 1919, sans pitons et en grosse.
Robin en mode renfougne |
Départ vers 2h00 de Torino, pour l'une des plus belles courses du stage.
L'arête du diable, au Tacul |
Après l'Androsace |
Une des corniches sur cette ascension grande classe |
Arrivée au sommet du Maudit (4465m) à 8h30, le mal de tête se fait sentir, heureusement on enchaîne directement sur la descente.
Deuxième semaine avec Marc Cereuil,
Marc dans son élément |
Le maître du massif du Mont-Blanc et membre éminent de la compagnie des guides de Chamonix. Mes acolytes sont Popeye et Mika. Cette semaine sera la pire au niveau de la météo, il n'y aura que 2 journées ensoleillées. Nous avons quand même pu faire la voie Rébuffat à l'Éperon des Cosmiques,
puis l'arête qui suit.
Au sommet de l'Eperon des Cosmiques |
Troisième semaine : semaine avec les élèves d'applications (les cobayes, dans le jargon de l'ENSA). Il s'agit d'avoir de vrais clients et d'être évalués en situation réelle. C'est pour nous la semaine de tous les dangers, car nous devons être parfaits...
Notre prof, Rémi Thivel, un Pyrénéen qui connaît toutes les courses, sera notre examinateur. Nos cobayes ne sont plus très gaillards mais ils seront d'une bonne humeur et d'une motivation sans faille. Robert (63 ans), Yves (65 ans) et Patricia (50 ans). Avec eux nous ferons l'arête des Papillons au Peigne, sous les nuages. Puis nous découvrirons avec eux un endroit très spécial, la glacière de Parmelan, un endroit unique où de la glace se forme lentement et où il est intéressant d'observer le temps faire son oeuvre.
Ambiance cascade en plein mois de juin |
Nous avons choisi de ne grimper que sur la glace naturelle et non la glace fossile, qui de mon avis devrait rester intacte.
Le lendemain nous montons à l'aiguille pour faire une classique, la traversée des Pointes Lachenal, mais nous changeons d'avis quand nous voyons le monde qui s'y rend. Au pied de l'Eperon des Cosmiques nous décidons de faire la voie Leroux, sans topo, avec les cobayes.
Yves, mon client de la journée, 65 ans |
C'est parti, en visant les zones les plus faciles. Les cobayes tirent un peu la langue, mais nous finissons finalement bien la voie et enchaînons même sur l'Aiguille du Midi, par l'arête, pour redescendre dormir au refuge des Cosmiques.
Une belle vue pas très loin de l'Aiguille du Plan |
Quatrième et dernière semaine, la semaine à thème, avec Stéphane Benoist
Cette semaine est un peu particulière car si nous avons bien géré les 3 précédentes nous avons le droit de choisir un peu ce que l'on veut faire et choisir nos compagnons de cordée et professeur. Elle est considérée comme la semaine "vacances" du stage. Certaines années, il y en a qui sont allés grimper en Corse, verdon, arrière pays Niçois, ... , bref des choses plutôt cool sans trop de pression.
C'est donc tout naturellement que Ben Guigonnet, Damien Tomasi et moi nous retrouvons ensemble avec un des prof les plus actifs en terme de performance alpine : Stéphane Benoist.
Pour nous, cette semaine servira d'excuse pour aller faire un truc de dingue. Certains de la promo préparent leur sacs avec des maillots de bain, short et tongs, nous, ce sera doudounne, piolets techniques et friends, paye ta semaine vacances! En même temps, c'est ça qu'on aime.
On cherche à faire un truc technique et un peu engagé qu'aucun de nous n'aurait déjà réalisé. Steph pense aller vers les Pyrénées mais la météo ne nous laisse que peu de choix. On ira dans le versant Sud du Mont Blanc, les goulottes ont l'air de faire.
C'est parti, lundi on fini les sacs, on imprime les topos, on prépare les vivres de courses et on traverse le tunnel du Mont Blanc. Au programme 8 heures d'approche pour 2400m de déniv afin de rejoindre le bivouac Eccles (4041m).
On avance doucement avec nos sacs lourds, on fait une pause au refuge Monzino avant de prendre pieds dans la neige et le glacier du brouillard. C'est vers 17h30 que nous arrivons dans le brouillard au bivouac
un peu massé des épaules et les jambes lourdes, demain ça va être dur de se réveiller. On n'a pas trop décidé de ce que nous voulions faire du coup, on decidera demain au pied des voies. Réveil toujours trop tôt mais vers 5h00 on sort du bivouac. Il fait super beau, toutes les lignes sont formées. Le seul problème, c'est qu'aujourd'hui sera le premier jour, depuis une semaine, que les lignes veront le soleil. On opte du coup pour la ligne la plus à l'ombre car aujourd'hui ça va chauffer pas mal.
C'est donc vers "Brouillard Givrant" que nous nous dirigeons. Une belle goulotte de 400m juste avant l'arête du brouillard.
Ce qui va nous attendre on aurait pu le deviner mais on s'est quand même fait surprendre. Ca grimpe dure pour la deuxième longueur et je dois m'y employer sévère pour ne pas me mettre un mauvais plomb.
Et là, des chutes de glace commencent à faire des leurs. Au début, rien d'affolant mais, au fur et à mesure que l'on avance et que l'heure passe, les glaçons deviennent de plus en plus gros et ne cessent de tomber. Maintenant c'est la guerre, on ne peut pas descendre car la goulotte collecte toutes les chutes de glace. Il nous faut monter pour nous mettre à l'abri. La fin d'ascension de cette goullotte sera très stressante mais plus de peur que de mal au final.
On attendra que la goulotte repasse à l'ombre et que le froid resserre un peu toute cette glace qui fond. Vers 16h30 on attaque à redescendre doucement, les chutes de glace ont cessé. Arrivés au bivouac on est trempés de la tête aux pieds. Nous voulions faire une autre goulotte pour sortir au sommet du Mont Blanc mais avec nos chaussures et gants trempés ça va être un peu trop taquet, on ne veux pas finir avec des gelures. Le lendemain, mercredi, nous redescendons tranquillement et rejoingnons la Vallée de Chamonix, un peu deçus mais quand même heureux d'avoir découvert ce côté là du massif, qui pour sûr, nous reverra au vu des lignes exceptionnelles qu'il y a à grimper.
Jeudi nous nous rendons à la falaises des Vuardes pour finir le stage sur une belle voie de libre sur spit. On l'a bien méritée.
Mais un petit souci surviendra lors du retour en voiture : les deux pilotes n'ont pas vu une pierre sur la piste du retour. Résultat, deux carter en moins ...
Le vendredi c'est presque fini, il y a encore les épreuves orales à valider, c'est ce qui m'a paru le plus dur sur l'ensemble du stage de guide ...
Au final, les résultats tombent et c'est tout bon avec en prime une mention "trés bien" du jury. Le guide dans la poche, il va falloir travailler à présent et un peu fêter ça quand même.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire