jeudi 4 février 2010

Une journée qui restera gravée dans ma mémoire le mardi 2 février 2010

Avec Sylvain Audibert mon ancien coloc, nous allons vers Lus-la-Croix-Haute pour ouvrir une cascade que j’avais repérée une semaine auparavant. A 45 minutes d’approche en ski cette cascade n’est pas recensée dans le topo du coin. La dernière fois que je l’avais vue, elle pendait sous un surplomb, c’est donc avec le matos d’artif que nous nous y rendons. Arrivés au pied, elle touche, enfin, c’est un bien grand mot. Je la regarde sous toutes les coutures, elle est très travaillée et il y a beaucoup de petites protubérances pour grimper sans trop taper. Je me dis que ça peux passer en grimpant très fin. Il y a juste les 2 premiers mètres à négocier, après c’est moins dur.

Je monte dessus et ça va, j’ancre mes piolets avec soin en tapotant juste avec le mouvement du poignet. Là vient le moment de mettre une broche. Je me suis dit que de toute façon si je tombe, une broche ne peux qu'être bénéfique et puis 10m de grimpe sans rien ça fais mal au cerveau. Je me retrouve quasiment sorti d’affaire, ça fait 15 mètres que je remonte se freestanding, il commence à être accroché de mieux en mieux au reste de la cascade. Mon piolet gauche est ancré dans une structure qui est séparée du freestanding et mon pied gauche aussi. Je continue à être aussi fin que possible car je sais que je suis sur la partie la plus critique du freestanding, là où il fait corps à la falaise, là où les ondes se propagent à très grande vitesse entre le piolet et la paroi. Je n’avais pas encore ressenti les vibrations dans la glace et il me restait un ou deux ancrages pour être totalement sorti de la zone de danger. Je tapote un coup, deux coups et le troisième fut de trop !!! La vision d’horreur de mes pires cauchemars se déroule devant mes yeux. D’abord se bruit de fracture de la structure à l’endroit même de la pointe du piolet, net, quasi chirurgicale. Puis la chute du freestanding que j’ai vu au ralenti. Je suis alors encore accroché à mon piolet gauche et en appui sur ma jambe gauche, tous deux sur un autre freestanding. J’ai cru un moment que j’allais m’en sortir, puis j’ai de suite aperçu la broche qui était toujours dans la masse du freestanding. J’ai lutté de toutes mes forces, mais les dizaines de tonnes de glace m’ont tiré vers le bas. Je me suis vu à cet instant broyé dans la masse de glace. Je suis partis, catapulté vers le bas, j’ai fermé les yeux et gainé mon corps en entier. En une fraction de seconde j’étais en bas de la cascade. J’ai rouvert les yeux, j’étais assis dans la neige, la corde emmêlé de partout et le mastodonte de glace juste à mes pieds. J’ai vérifié si je ne ressentais aucune douleur, je me suis concentré car après 15/20 mètres de chute, il doit forcément y avoir quelque chose, et oh miracle je n’avais rien, mais alors rien du tout. J’ai crié de joie d’être toujours en vie et en un seul morceau, je n’en revenais pas et n’en reviens toujours pas. Sylvain à eu aussi peur que moi et nous nous sommes pris dans les bras.

Le fait d’être resté une ou deux secondes là haut à laisser le temps à la glace de prendre de l’avance. De ce fait, je ne me suis pas retrouvé dessous. De plus mon ancrage bras gauche lors de mon catapultage ma fait pivoter durant la chute. Je suis arrivé le dos contre la pente du cône et j’ai glissé le long, les jambes légèrement en l’air, comme dans un toboggan. Le fait que se sois la première longueur et que le bas de la cascade sois assez plat est une chance aussi. Tout à concouru à ce que je n’ai rien eu. Si un seul de ces facteurs n’était pas là, c’était le drame. C’est tout simplement un miracle ce qui c’est passé et j’en suis tout à fait conscient.

Je suis aussi conscient d’avoir grillé LA cartouche de ma vie, et je prends cela comme une expérience très enrichissante. La vie ma donné un signal d’alarme, il faut que je calme le jeu ! J’ai essayé d’analyser cet accident et je crois que je n’ai pas su voir les signaux d’alarmes. J’ai mis beaucoup plus d’importance à ma capacité à gravir cet édifice qu’à la solidité de celle-ci. Il est toujours facile de grimper sur la glace mais est-ce que la structure est assez solide ? C’est là ou je me suis lourdement trompé aujourd’hui. Elle ne touchait presque pas, les tensions dans la glace étaient fortes (-8°C), mais je pensais faire la différence.

J’ai énormément appris sur moi aujourd’hui, je sais à présent que je me fais trop confiance, à tort. Il va falloir que je prenne plus de recul sur ma pratique en glace … Je suis heureux de vous dire que je vous aime, tous autant que vous êtes. J’ai une pensée très forte à ma famille, mes amis proches. Je suis désolé d’avoir agit comme cela, par égoïsme.

Cela ne va pas me faire arrêter la glace, mais je crois que je serais plus à même de voir les « signaux »

9 commentaires:

  1. Ah putain mec en plus le 2 c'est mon anniversaire...
    Bises
    Cyril

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  2. Aï mon Fred !!! on pense bien à toi et remercie ce miracle ! Trop de nos pôtes y sont passés, je compte sur toi pour faire de vieux os encore ! Pour continuer à transmettre ta passion et tes briantes expériences...

    A+

    Jo du CD26

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  3. moi aussi je t'aime mon frère.
    Florence

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  4. En fait si tu vas faire de la glace avec Sylvain t'es sur de te prendre un cigare sur le coin de la gueule !

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  5. Prends soin de toi freddo
    Bisous
    Nina

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  6. ououououououfffff...
    bises

    Sylvie

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  7. Wouahou Fred t'es un miraculé, la lecture de ton récit est émouvant et tu en tires une sacrée auto-critique; je félicite ton courage pour arriver a en parler et le faire partager

    merci d'être encore avec nous

    Ludo Seifert

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  8. Pfiou!!
    Bonne initiative de partager ça, merci.
    Keep it alive, just take care!

    NAD.

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  9. Le truc de Ouf!
    Après quelques années de cascade il est facile d'arriver en haut de n'importe quelle structure de glace. Le plus difficile reste de s'imposer des limites.
    Bien content que tu n'ai pas allongé la mauvaise liste de croix. Te voilà maintenant riche d'une expérience de ouf. Cette dernière t'offre maintenant les portes de la sagesse.
    Salutations sportives.
    Rivoire Sylvain

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