Mardi 21, Ben et moi, partons prendre la benne de l'Aiguille du midi, chargés de nos 50kg de matériel (1 portaledge, 20 pitons, 30 friends, 100m de cordes, 4 jours de vivres, ...). Nos sacs démesurément gros impressionnent les quelques skieurs partant pour la "Vallée Blanche". Et oui, nous prévoyons 4 jours pour réaliser la voie "Ballade au clair de lune", ED+, 350m, 6c, A4, ça rigole pas. Cela se situe dans la face sud de l'Aiguille du Fou (3501m), au coeur des Aiguilles de Chamonix, le pied. Cette première journée est très pénible, car les sacs lourds rendent l'approche usante. on commence par descendre la "Vallée Blanche classique" et arriver au refuge du Requin.
De là il faut remonter 600m de glacier pour arriver au pied du couloir, sous la face.
Sous un soleil de plomb nous affichons une moyenne de 200m/h à la montée.
Nous décidons de franchir le couloir le lendemain, quand la neige sera plus dure, car là, ça craint ! Arrivés un peu tôt (13h30), nous nous installons tranquillement et nous nous payons même le luxe d'une séance de bronzage en calbute dans la neige et une petite sieste sur portaledge, comme à la maison. le soir il neigeotte un peu mais rien de bien méchant. On se couche assez tôt car demain il va falloir remonter les 350m du couloir avec nos 50kg, ça va être rude. Mercredi 22, après 2h30 de bartasse pour atteindre le pied de la face, nous commençons à grimper, enfin. Le rocher est superbe et la face est très raide. Nous sommes prêts à en découdre. Aucune longueur n'est facile, elles ont toutes leurs particularités. L'ensemble de la voie n'est qu'une succession de passages en libre et/ou artif, où il faut louvoyer, engager, bidouiller, s'appliquer. Aujourd'hui Ben va grimper les longueurs en libre (L1 : 5+, L3 : 6b+, L5 : 5+ et L7 : 5+/A1) et moi celles en artif (L2 : 6b/A2, L4 : 6a/A2+ et L6 : A4).
La première longueur est assez facile, mais la neige et la glace la rende délicate.
La 2ème commence par 10m de libre très engagé, pour atteindre un couplage de pitons assez foireux. La 3ème ne fait pas rire. Après avoir protégé le relais avec un bon couplage, une grande dalle compacte de 15 en 6b+ cueille Ben qui n'est pas un grand spécialiste des dalles. Un copper head pour seul protection, ça ne fait pas lourd. il s'enlèvera d'ailleurs tout seul avec la tension de la corde lors de mon passage en second (oula !).
Dans la 4ème longueur, la moitié de la longueur se fait en libre, puis plusieurs fissures bouchées me barrent le passage pour rejoindre le relais. Un peu trop en confiance, je ne fait pas attention et arrache un piton !! 10 mètres plus bas, je croyais que j'avais tout arraché, mais non.
En fait, Ben dormais un peu et le grigri n'a pas bloqué !! S'en suivent 2h00 de bidouille, un peu psycho pour arriver au relais, ouf !
La suite va mieux dérouler malgré des cotations annoncées plus dures.
L5 en 5+, pas de souci. Et L6, annoncée en A4 s'avale comme une bouchée de pain, ils ont craqué les anciens, tant mieux car nous avions pris du retard.Et pendant que Ben gravis la dernière longueur de la journée, j'installe le lit pour la nuit, à quelques 200m du sol, dément !Jeudi 23, on s'est dit que l'on allait petit déjeuner au soleil, mais il ne sortira pas de la journée, il fera même très froid. On nous avait dit :"Surtout n'oubliez pas la crème solaire et les lunettes!" mais en fait c'est surtout le bonnet et la doudoune qu'il ne fallait pas oublier.
Le mauvais temps nous fait sortir du duvet un peu tard et la mise en route est difficile. Surtout que l'on commence par une longueur un peu engagée sur les 10 premiers mètres. Ben se frise ensuite dans un beau dièdre en 6b. Dans la 9ème longueur, un petit pendule nous amène sous un beau dièdre en 6a /A1. Nous avalons les longueurs une par une pour enfin arriver à L12, 6c, 50m en fissure, qui s'élargie de plus en plus. Ben ne fera que 10m en libre avant de craquer, il fait trop froid et il n'a pas assez bu. Du coup il se fatigue très vite et la fissure l'impressionne un peu quand même. S'en suit une dernière grande longueur en neige et mixte, sans crampons ni piolets, pour atteindre le sommet du Fou à 18h00. Il ne fait pas beau et il y a un peu de vent.
Nous ne nous éternisons pas au sommet et enquillons la descente en rappel. cela ne va pas trop durer, car nous coinçons la corde dès le premier rappel. Je me dévoue pour la récupérer 20m plus haut. Là c'est sûr, nous allons redescendre de nuit. La suite va bien se passer jusqu'au pied du couloir où nous décidons de rebivouaquer tranquillement, il est 22h30.
Nous fêtons la coche avec une bonne bouteille de bière Alphand puis sombrons dans un profond sommeil.
vendredi 24, la redescente à ski se fait tranquillement jusqu'au petit train du Montenvers qui nous ramènera sur Chamonix vers 11h30.
Vient ensuite le temps des retrouvailles avec les potes, autour d'une bonne bières.
Bravo, belle performance !
RépondreSupprimerOn dirait que tu as vite récupérer de votre voyage en Patagonie...
A+